Publié aux Éditions Pierre Tisseyre, cet ouvrage de 143 pages, parsemé ici et là des illustrations de Claude Thivierge, s’ouvre sur le rêve d’Azaan, un éléphanteau dont le sommeil est plus souvent qu’autrement perturbé par le souvenir récent d’une attaque brutale perpétrée par des braconniers contre son clan, un épisode pour le moins violent dont il est l’un des quelques survivants. Blessé, physiquement et psychologiquement, le petit éléphant entreprendra, avec sa grand-mère Panambi et un drôle d’oiseau pique-bœuf du nom de Tovo, une quête périlleuse censée le mener vers un trésor que le lecteur découvrira en même temps que lui.
Des animaux intelligents et sensibles
«J’avais ce projet en tête depuis au moins dix ans» , raconte Sylviane Thibault, une amoureuse des animaux qui attendait de trouver une manière d’aborder le sujet du braconnage, un acte cruellement mercantile qu’elle n’admet pas et qui lui inspire une grande tristesse. «J’accepte les lois de la nature. Les animaux sont durs entre eux, c’est vrai, mais ils agissent par nécessité et non par cruauté» , nuance-t-elle.
C’est après avoir visionné un documentaire dans lequel on apprenait notamment que tous les hommes ne sont pas des braconniers et qu’au contraire, certains ont plus que jamais le cœur à la bonne place (impossible d’en dire plus sans se faire divulgâcheur), que l’auteure blainvilloise a trouvé le point de départ de son roman, qui serait en même temps le point d’arrivée de la quête d’Azaan, à la fin d’un périple que le lecteur suivra avec beaucoup d’intérêt, pour tout ce qu’on y apprend sur les animaux, mais aussi parce que l’histoire est bien ficelée et que la chute se révèle particulièrement touchante.
«Je voulais parler de ces animaux qui sont très intelligents» , de dire Sylviane Thibault qui nous fait découvrir que les éléphants ont aussi des émotions et des sentiments, qu’ils s’entraident et font preuve d’empathie. Peut-être l’ignoriez-vous, mais les éléphants pleurent quand ils ont de la peine. Comme nous, ils pratiquent certains rites funéraires. «Ils ont aussi des rites pour célébrer les naissances» , ajoute-t-elle, si bien qu’on leur soupçonnerait de cultiver des valeurs humaines dont on sait cependant qu’elles appartiennent à l’auteure. «J’essaie de faire en sorte que ça ne paraisse pas trop, mais j’en profite toujours pour glisser les miennes» , suggère Sylviane Thibault, l’œil rieur, avant de citer avec solennité cette phrase apprise de sa mère: «Tomber, c’est humain. Se relever, c’est divin.»
Savoir s’adapter
«Je voulais démontrer qu’on peut trouver en soi la force de traverser les épreuves, mais que parfois, on a besoin d’aide. Je voulais aussi montrer que si notre vie est modifiée par un événement traumatisant et que, si les choses ne reviennent pas comme avant, ça ne veut pas dire que notre vie est finie» , de dire Sylviane Thibault qui, dans une autre vie, pratiquait le patinage artistique à un très haut niveau avant d’être victime d’un accident qui a laissé des séquelles permanentes à une jambe et forcé le deuil d’un sport qu’elle avait vivement aimé pendant 15 ans. La vie nous commande parfois de nous adapter.
Classé dans la collection Papillon + des éditions Pierre Tisseyre, Le trésor d’Azaan s’adresse aux enfants de 9 ans et plus qui, par ailleurs, pourront parfaire leurs connaissances sur les éléphants grâce à un chapitre documentaire que l’auteure nous réserve à la fin de l’ouvrage.
Pour l’heure, Sylviane Thibault travaille à l’écriture de deux romans pour adultes, elle qui épouse cette fois le genre policier et le fantastique.
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