La situation préoccupe l’Association de promotion et d’éducation en logement (APEL) qui, depuis janvier, reçoit plusieurs appels de locataires inquiets.
«Beaucoup de gens ont perdu leur emploi durant la pandémie et n’ont pas les moyens de se payer un logement qui a augmenté de 10 à 15 %», soutient le coordonnateur de l’organisme, Serge Gilbert.
Parmi ceux qui ont eu recours à ses conseils, on retrouve Denis Lelièvre de Bois-des-Filion à qui l’on demande de débourser 283 $ supplémentaires par mois pour son 4 1/2, une hausse de 43 %. Il explique que l’immeuble dans lequel il réside a récemment été acquis par de nouveaux propriétaires. Comme deux de ses voisins, il a contesté l’augmentation, qui porterait à 943 $ par mois le coût de son loyer. «Il n’est pas question que j’accepte cela», dit-il.
Sa voisine, Rita Lagacé, est du même avis. «Je trouve que les propriétaires ambitionnent pas à peu près. Je ne peux pas payer ça», affirme la dame de 84 ans.
Les témoignages en ce sens se multiplient. Depuis le début de l’année, les demandes d’information, de consultation et de rencontre ont grimpé de 22 % à l’APEL. «Les gens sont stressés. Il y a beaucoup de personnes âgées qui me disent que c’est la première fois de leur vie qu’ils sont pris dans une situation comme celle-là», souligne M. Gilbert.
Celui-ci mentionne que le Tribunal administratif du logement suggère, pour cette année, une augmentation du coût des loyers de 0,8 %. «On est loin de ce chiffre-là», dit-il, tout en rappelant que des recours existent et que l’APEL est justement là pour accompagner les gens.
Difficile de trouver un logis
Les locataires sont confrontés à un autre obstacle: très peu d’appartements sont disponibles sur le marché. Le taux d’inoccupation se situe entre 0,3 et 0,8 % dans les MRC de Deux-Montagnes et de Thérèse-De Blainville. La rareté des logis, le phénomène des rénovictions et la hausse de la demande – les citadins sont plus nombreux à vouloir s’établir en banlieue – sont tous des éléments qui viennent complexifier le casse-tête actuel.
«C’est extrêmement difficile de se trouver un appartement. On s’attend à ce que des gens n’aient pas de logis au 1er juillet», affirme Serge Gilbert.
Dès 2010, l’APEL a levé le drapeau rouge et soulevé cette problématique d’accessibilité. Selon une recherche menée à l’époque dans la MRC de Deux-Montagnes et dans la partie sud de Mirabel, on estimait à 3 000 le nombre de nouveaux logements abordables requis sur le territoire. «Depuis, il ne s’est pas construit de logements», déplore le coordonnateur.
Le seul projet en voie d’être réalisé est celui de la Coopérative de solidarité du Train de la vie, à Deux-Montagnes, qui prévoit la création de 47 logements pour les personnes seules et les familles à faible revenu. La construction devrait débuter dès ce mois-ci et la livraison est prévue pour 2022.
Par Geneviève Blais
gblais@groupejcl.ca
MOTS-CLÉS
APEL