C’est la destination printanière de Charlem qui y fait son nid une fois l’an, la Maison Hamilton accueille l’artiste peintre et sculpteur qui y occupe chacune des pièces, au rez-de-chaussé comme à l’étage, jusqu’à dimanche prochain.
Ne vous donnez pas la peine de les compter, il y en a bien 90 de ces tableaux aux riches coloris issus d’une démarche autant spirituelle que physique, un corpus pictural auquel l’artiste joint quelques sculptures alliant le bois de mer et le métal. Colori de Charlem (notez bien l’absence du «s» ), voilà le titre en forme de préfixe sous lequel sont regroupées ces œuvres qui existent, signale-t-il dans le carton d’invitation, «parce que le monde est couleur» .
Voilà un artiste qui produit à un rythme appelant au superlatif, et qui trouve chaque fois une façon différente de parler de son œuvre qui, inversement, connaît une évolution lente, mais constante. Calqués sur le rêve, cette dimension que l’on peut investir à volonté si on le désire, les tableaux de Charlem sont plus souvent qu’autrement habités par ces entités vaporeuses, ces êtres de lumière flottant sur des paysages embrumés qui, au fil des ans, subissent des transformations progressives, se définissent par des lignes plus franches, des portions de tableaux qui sont très découpées, ce qui fait dire à l’artiste qu’il possède mieux son univers, que celui-ci se précise de plus en plus. «C’est une quête, dit-il, que j’entends poursuivre jusqu’au moment où cet univers sera ce que je voudrais qu’il soit.»
La couleur comme un langage
Cette fois, la couleur est au centre de la proposition et résonne comme un appel à vibrer, à se mettre au diapason des coloris proposés. «Je me suis aperçu que la couleur est devenue le fil continu, le lien entre mes toiles. Elle transcende l’émotion et la matière. Elle fait naître l’émotion, aussi» , suggère-t-il, en définissant son propre rapport à la couleur comme une énergie intimement ressentie: «Le jaune évoque la lumière, le soleil, une espèce d’effervescence et de légèreté. Le rouge suggère une autre sorte d’énergie davantage passionnelle, avec une incidence sur le moment présent. Le rouge, c’est maintenant. Le jaune t’appelle. Le bleu te tire vers le passé.»
Encore plus important, pour l’artiste, la couleur est une énergie à transmettre, une matière qui s’apparente au langage, le sien propre, qui ne tient pas du rationnel (du moins pour l’instant), mais qui vient plutôt d’instinct.
«Et ce lien de couleur, j’y ai porté une attention particulière au moment de l’accrochage. Je voulais que la couleur nous fasse voyager d’un tableau à l’autre, qu’on sente chaque fois que ça nous mène quelque part. Comme une bande dessinée, en fait» , image-t-il.
Une créativité sans limite
Installé à la Maison Hamilton (106, chemin de la Grande-Côte, à Rosemère), Charlem s’y pointe chaque jour pour y peindre en direct et peut-être même réaliser quelques assemblages de morceaux de bois cueillis aux Îles-de-la-Madeleine.
Actif (le mot est faible) depuis le début des années 2000, Charlem est un artiste débordant d’énergie qui se manifeste publiquement par des expositions, mais aussi en faisant participer le public à la réalisation d’œuvres collectives, notamment dans les écoles. En 2010, il s’est installé sur le site de l’île Sainte-Hélène, à Montréal, pour y réaliser l’une des plus grandes toiles au monde, une œuvre intitulée Terre d’espoir, faisant 365 mètres de longueur et traitant de la biodiversité.
Son ambition est de pousser l’exercice encore plus loin, en impliquant peut-être des gens (il en a fait peindre plus de 10 000 depuis trois ans), en intégrant la sculpture, un projet qui n’est pas encore défini, mais qui est voué à une existence certaine. Assurément.
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