Il y a moins d’un an, le Nord Info l’avait rencontré dans son sanctuaire : le Rival Boxing Gym Rive-Nord, où il s’entraîne avec son père Hugo. À l’époque, il sortait tout juste de sa première victoire professionnelle. Le début d’un livre qu’ils écrivent à deux, depuis des années : un combat, une victoire, tout feu, tout flamme.
La vraie défaite, celle qu’on ne voit pas
La première défaite de sa carrière n’apparaît nulle part dans son dossier pro. Elle s’est produite entre deux combats. Fraîchement sorti de son premier fait d’armes le 30 janvier, Victor se préparait déjà pour un deuxième affrontement prévu le 27 février.
Puis, tout a basculé.
« Je fais un faux mouvement au dos, je me blesse. J’ai dû annuler mon combat », raconte-t-il. Cinq jours avant l’événement, tout s’écroule. Le médecin lui retire sa licence.
Le seul billet qu’un jeune athlète redoute vraiment, c’est celui qui lui dit : tu ne boxes pas.
Victor obéit. Pas par choix, mais par nécessité. « C’est trop dangereux, m’a dit mon médecin. Tu risques de ne plus jamais boxer. »
Attendre. Et attendre. Et encore attendre.
Commence alors le combat le plus long de sa jeune carrière : celui de la patience.
« Attendre, attendre et attendre », résume-t-il. Jusqu’au fameux feu vert, reçu cet été. Une permission d’exister à nouveau en tant que boxeur professionnel. Le 11 décembre, il remontera enfin sur un ring.
Une année suspendue… pour un gars qui n’arrête jamais
Ça fait un an que Victor est officiellement un pro. Un an qu’il vit deux séances d’entraînement par jour. Passer de 20-25 heures d’entraînement hebdomadaire à zéro, du jour au lendemain, l’a frappé de plein fouet.
« C’était difficile », admet-il. Mais il sait que les blessures font partie du métier.

Victor et Hugo Tremblay prônent l’équilibre physique et mental de la boxe. Ils perçoivent la boxe comme un duel aux échecs.
Une histoire de famille
Cette épreuve, il l’a traversée avec son père Hugo.
Le père, l’entraîneur, le gérant, le collègue — quatre rôles qui se superposent, parfois douloureusement.
« J’ai eu de la difficulté à séparer les rôles, dit Hugo. Je suis le père, je veux qu’il aille bien. Mais le gérant voit les étoiles alignées… »
En bout de ligne, c’est le père qui parle :
« C’est un sport dangereux. Je veux qu’il performe en santé. Je veux qu’il ait du plaisir. »
Ils soulignent tous deux l’importance de leur psychologue sportif, qui aide Victor à décrocher quand il n’est pas dans son « laboratoire ». Le travail mental fait maintenant partie de sa routine — et peut-être de ses plus grandes victoires.
Direction Nebraska
Victor Tremblay prend maintenant l’avion pour le Nebraska.
Pas pour le football ni pour l’agriculture — pour la boxe.
Il rejoint l’entraîneur de renommée mondiale Brian « Bomac » McIntyre, le coach du champion Terrence Crawford, dans son gym d’Omaha.
Ils sont en contact depuis ses débuts pros. Plus d’émerveillement, plus de romantisme :
« Je suis là pour travailler. Et il n’invite pas n’importe qui », dit Victor.
Thaïlande, Las Vegas, Angleterre — peu importe où il va, le jeune de Boisbriand porte sa maison sur le dos. Et il compte bien la représenter longtemps.
Le retour, le vrai
Les derniers préparatifs sont en cours : les situations de combat, les répétitions, les derniers ajustements.
Le « retour » de Victor Tremblay est moins un combat qu’un aboutissement. Une ode à tous les petits combats invisibles qu’il a dû mener cette année.
Le 11 décembre, au Casino du Lac-Leamy, il disputera son deuxième combat professionnel.
Le premier depuis février.
Cette fois, les roues toucheront le sol.

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