La réélection de Donald Trump en décembre 2024 laissait déjà entrevoir qu’il serait plus difficile d’exporter les véhicules fabriqués par PACCAR, comme les camions de classe 7, de marque Peterbilt et Kenworth, en raison des taxes frontalières. La clientèle étant fortement du côté américain, le carnet de commandes s’est réduit depuis l’annonce de tarifications frontalières du président Trump.
L’usine de Sainte-Thérèse avait déjà effectué quelques mises à pied en septembre dernier, en promettant de tout faire pour rappeler ses employés. Juste avant les Fêtes de 2024, l’entreprise avait mis à pied 250 employés avec la même promesse.
Pour le syndicat Unifor Québec, les 300 travailleuses et travailleurs mis à pied chez PACCAR deviennent les dernières victimes de la guerre tarifaire livrée par les États-Unis.
« Cette décision confirme l’urgence d’agir rapidement afin de préserver les emplois et un pan historique du savoir-faire industriel québécois. Le temps presse pour que les négociations entre le Canada et les États-Unis débouchent sur du concret, mais en attendant les résultats de ces pourparlers, des mesures décisives peuvent être mises en place dès maintenant pour assurer l’avenir de l’usine », a indiqué le syndicat Unifor Québec, dont font partie les employés syndiqués de PACCAR.
Directive gouvernementale attendue
Daniel Cloutier, directeur d’Unifor Québec, presse le gouvernement d’émettre une directive favorisant l’achat local. Selon le syndicat, les municipalités, corpos policières et sociétés d’état comme Hydro-Québec, la SAQ et autres organisations publiques et parapubliques doivent prioriser l’achat de camions fabriqués ici, au Québec.
« Cet épisode constitue un signal d’alarme : il faut immédiatement une stratégie concertée pour aider PACCAR à traverser la tempête. Si l’usine de Sainte-Thérèse perd ses ventes aux États-Unis, il faut tout faire en notre pouvoir pour regarnir son carnet de commandes avec des clients d’ici. Le gouvernement du Québec dispose de leviers directs pour sauver des emplois ici en passant entre autres par l’achat local des sociétés d’État. C’est à Québec de donner l’exemple, d’exercer son leadership et d’appeler tous les autres paliers de gouvernement du Canada à faire de même », prévient M. Cloutier, qui dit souhaiter une solution durable impliquant tous les acteurs et décideurs concernés.
« Nous sommes prêts à travailler avec PACCAR, les gouvernements et nos partenaires économiques pour maintenir la production ici. Mais il faut passer à l’action sans délai, car chaque emploi perdu fragilise un peu plus notre avenir industriel », conclut M. Cloutier.
Réaction du Bloc Québécois
Le chef du Bloc Québécois, Yves-François Blanchet, presse le gouvernement fédéral d’appliquer rapidement les mesures que proposait son parti pour soutenir les industries et PME québécoises durant la crise commerciale.
« C’est évident que si Paccar est contrainte de vendre les camions produits au Québec 25 % plus cher, elle se retrouve catapultée hors de la zone de concurrence et c’est le même sort qui attend toute l’industrie automobile québécoise et canadienne. On comprend alors que les industries qui se trouveront dans une situation similaire risquent d’être tentées de relocaliser leurs activités, et les nombreux emplois bien payés qui y sont liés, aux États-Unis. C’est une situation dont les conséquences pourraient être lourdes pour l’économie québécoise. Chaque nouvelle mise à pied est un nouveau coup porté à notre économie et à nos régions », avise Yves-François Blanchet.
« Je réitère que nous devrons nous assurer urgemment que les secteurs propres au Québec puissent être soutenus, au même titre que ceux de l’Ontario ou du pétrole de l’Ouest. Par ailleurs, la mise en place d’une subvention salariale pour permettre aux entreprises affectées par les tarifs de garder en poste leurs employés, comme nous le demandons depuis des mois, est une étape incontournable », soutient le chef du Bloc Québécois.
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