Les manifestants se sont présentés comme de fervents défenseurs des terres agricoles et de l’environnement. Le conseiller municipal Francis Allaire, responsable de l’environnement au conseil municipal de la Ville de Blainville, prenait part à la manifestation.
Ce dernier y est allé d’une décharge contre le PL93 et l’ingérence de Québec sur l’autonomie municipale. « On est ici pour se prononcer contre la volonté incompréhensible et inacceptable du gouvernement du Québec d’exproprier des espaces protégés pour les consacrer à l’enfouissement de matières dangereuses. Le projet de loi déposé hier est scandaleux ! C’est d’autant plus scandaleux que Stablex possède déjà un terrain pour l’enfouissement et qui est irrécupérable sur le plan environnemental et est déjà perturbé par les activités de Stablex.
« Il n’y a rien qui justifie le gouvernement du Québec à prendre possession de terres publiques pour les remettre directement à une entreprise privée qui importe chez nous des déchets dangereux des États-Unis, surtout quand la menace tarifaire du président Trump plane sur nous », a-t-il poursuivi.
Décision lourde de conséquences
Stéphane Alary, le président de l’UPA Outaouais-Laurentides a, pour sa part, insisté sur l’importance de se pencher sur les conséquences d’un tel projet pour les terres agricoles et l’ensemble de la communauté.
« Aujourd’hui, on est rassemblé pour rappeler une chose essentielle : les décisions qui concernent notre territoire doivent être prises avec prudence, transparence et en profond respect pour ceux qui y vivent et y travaillent. Le projet de loi 93 qui vise à contraindre la Ville de Blainville à céder un terrain à Stablex pour l’agrandissement de son site d’enfouissement de déchets dangereux qui suscite de vives inquiétudes.
Ce dernier va même plus loin. « On voit deux poids, deux mesures : on demande aux producteurs (agricoles) de protéger les milieux humides. Et pour les villes, ce n’est pas important ? »

Ministres, défendez vos citoyens !
Audrey Lemaire, qui est vice-présidente de l’UPA des Basses-Laurentides, n’a pas non plus mâché à l’endroit des deux ministres désormais liés au dossier Stablex, Benoît Charrette et Maïté Blanchette-Vézina.
« C’est sûr que le milieu humide visé par Stablex n’est pas en zone agricole, mais nos producteurs sont dépendants de la ressource d’eau des milieux humides des villes, mais les milieux humides sont une ressource d’eau incroyable : c’est une réserve de filtration une réserve pour notre écosystème. C’est ça qu’on vient défendre aujourd’hui. Nos producteurs en ont besoin pour continuer à opérer.
« M. le ministre (Charette), Mme la ministre (Blanchette-Vézina), c’est le temps de dire NON pour l’environnement que vous êtes sensés de défendre. On veut que vous défendiez les citoyens. C’est ça votre mission au gouvernement ! On demande officiellement au ministre Charrette de suivre les recommandations du BAPE (en septembre 2023) », a martelé Mme Lemaire.
Celle-ci a rappelé que les commissaires y participant ont tous dit NON au projet d’agrandissement du site d’opération visé par Stablex, la cellule 6. Ceux ayant suivi le dossier s’en souviendront : la mairesse de Blainville, Liza Poulin, a ensuite résilié le contrat qui devait autoriser l’entreprise d’enfouissement d’aller de l’avant avec la cellule 6 dans la tourbière.
Mme Lemaire abonde dans le même sens que Mme Poulin : Stablex a la possibilité de continuer à opérer dans la cellule présente, avec laquelle on opère depuis les années 1980.

Incohérence d’enfouir dans une tourbière
« Il est temps d’avoir de la transparence dans ce dossier-là. Ça fait des mois que la Ville de Blainville tente d’avoir des discussions avec le Ministère. Tout le monde comprend l’enjeu, tout le monde trouve que c’est d’une incohérence totale d’aller enfouir des déchets toxiques dans une tourbière et après, on revient avec la même cassette : qu’il est minuit moins une. Ce n’est pas vrai. La tourbière, on n’y touche pas. C’est pour les générations futures. Nous les agriculteurs, on était là avant – on a vu le territoire se développer – et on va être encore là après et avec les conséquences de ce que l’on en train de faire aujourd’hui », souligne Mme Lemaire.
« On implore le ministre et la ministre de changer leur position face au projet de loi 93. »
Les membres de l’UPA demandent au ministre Charette ainsi qu’au gouvernement de retirer le PL93, de renoncer à dépenser de l’argent au profit d’une entreprise américaine et qu’il oblige Stablex à utiliser les terres publiques qu’ils se sont déjà octroyées et pour lesquelles les contribuables ont déjà payé leur part.
Enfin, l’UPA réclame un BAPE générique qui se penchera sur la gestion des matières résiduelles.
L’opposition libérale
Venue appuyer la manifestation, la libérale Virginie Dufour y est aussi allée de ses commentaires.
« C’est un projet de loi qui est une attaque frontale à l’autonomie municipale et à la protection de l’environnement », affirme la députée des Mille-Îles, Virginie Dufour, qui dit avoir visité l’entreprise, rencontré la mairie et avoir pris connaissance du rapport d’analyse du terrain.
« Je ne peux pas croire que pour enfouir des déchets dangereux et en partie américains on va aller détruire une tourbière millénaire de milieux humides dont on a tellement besoin », a-t-elle précisé.
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